Pour la première fois depuis sa création, la revue Criminologie porte son attention, dans ce numéro thématique (Volume 52, No1), sur ces personnes qui n’ont pas enfreint les normes pénales, ni ne sont des victimes de ces infractions, ni même des agents qui influencent, modifient ou appliquent ces normes. Ce qui les identifie, malgré elles, comme une population hétérogène que la criminologie se doit de mieux connaître, ce sont leurs liens familiaux et affectifs avec une personne judiciarisée.
Ce second épisode interroge Gwenola Ricordeau, Ariane Amado et Else Marie Knudsen sur leurs articles.
Gwenola Ricordeau « Faire son temps » et « attendre » : temporalités carcérales et temps vécu dedans et dehors (débute à 00:46)
Basé sur une recherche de terrain menée en France auprès de personnes détenues et de proches de prisonniers, cet article interroge les diverses manières dont le temps est vécu dedans et dehors au cours des différentes phases de l’incarcération et comment celles-ci sont mises en présence d’autres rythmes sociaux, en particulier l’injonction qui est faite aux prisonniers de « donner du sens à leur peine » (ou « faire son temps »), alors que les proches sont assignés à une position d’attente. L’auteure décrit d’abord les différentes expériences du temps (dedans et dehors), qui varient selon la durée de la peine et le temps déjà effectué. L’auteure décrit ensuite diverses formes de discordance entre le temps vécu dedans et dehors et la manière dont elles se traduisent dans les relations et solidarités familiales. Enfin, l’auteure analyse comment les prisonniers, les anciens prisonniers et leurs proches rationalisent un temps initialement pensé comme « perdu » et comment leurs stratégies sont influencées par la longueur de la peine et le type de prison où la peine a été effectuée.
Lire l’article sur Érudit : https://doi.org/10.7202/1059539ar
Ariane Amado Quelle place pour l’autre parent d’un enfant en prison ? Une étude en droit comparé entre la France et l’Angleterre (débute à 05:31)
En France, en Angleterre et au pays de Galles, les enfants peuvent séjourner auprès de leur mère détenue en prison jusqu’à leurs 18 mois. L’étude des liens familiaux de l’enfant qui séjourne auprès de sa mère en prison inverse la problématique : l’enfant non juridiquement détenu est celui qui vit dans un établissement pénitentiaire auprès de sa mère. Le parent incarcéré constitue, dans cette situation, la personne qui maintient au quotidien des relations affectives avec l’enfant. L’autre parent peut-il, dans ce cadre, exercer ses droits civils et maintenir un lien avec l’enfant résidant en prison ? Les droits français et anglais parviennent-ils à dépasser une conception genrée et hétéronormée de la famille en prison, selon laquelle seule une femme détenue peut garder son enfant auprès d’elle et seul un homme n’est envisagé comme deuxième parent ?
Lire l’article sur Érudit : https://doi.org/10.7202/1059542ar
Else Marie Knudsen La curieuse invisibilité des enfants de détenus dans la politique canadienne de justice pénale (débute à 17:04)
Les enfants de détenus font face à divers problèmes, mais au Canada, on n’en sait que très peu sur cette population et l’on ne répond donc que piètrement à leurs besoins. Compte tenu du manque de données sur le sujet, de l’absence de services cohérents et généralisés offerts à cette population et de la non-reconnaissance de cette dernière par les politiques en justice criminelle, ces enfants sont essentiellement « invisibles ». À partir d’une étude qualitative récente sur l’incarcération de parents au Canada, j’explorerai la question pour montrer que l’expérience et les besoins de ces enfants sont en danger de rester invisibles. La persistance de leur invisibilité permettrait en fait au système carcéral de rester déresponsabilisé face aux familles des détenus, et servirait l’idéologie, au sein du système de justice criminelle, qui peint les détenus sous une lumière punitive et pathologisante.
Lire l’article sur Érudit : https://doi.org/10.7202/1059545ar
Criminologie est une revue de recherche scientifique avec comité de lecture (peer reviewed). Elle s'adresse aux scientifiques et aux professionnels de la justice pénale, présente des dossiers thématiques construits autour des préoccupations et des intérêts actuels des criminologues québécois, canadiens, étatsuniens et européens.
Pour la première fois depuis sa création, la revue Criminologie porte son attention, dans ce numéro thématique (Volume 52, numéro 1), sur ces personnes qui n’ont pas enfreint les normes pénales, ni ne sont des victimes de ces infractions, ni même des agents qui influencent, modifient ou appliquent ces normes. Ce qui les identifie, malgré elles, comme une population hétérogène que la criminologie se doit de mieux connaître, ce sont leurs liens familiaux et affectifs avec une personne judiciarisée.
Voici trois épisodes interrogeant plusieurs de nos auteures sur leurs articles rédigés pour ce numéro.
Attention - Votre version d'Internet Explorer est vieille de 19 ans et peut ne pas vous offrir une expérience optimale sur le site du CICC. Veuillez mettre à jour votre ordinateur pour une expérience optimale. Nous vous recommandons Firefox ou Chrome, ou encore ChromeFrame si vous êtes dans un environnement corporatif ou académique dans lequel vous ne pouvez pas mettre à jour Internet Explorer.