Pour la plupart des personnes détenues sous responsabilité fédérale, la zone d’admission et libération (AL) est la première étape lors de l’arrivée dans un pénitencier au Canada. De nombreuses personnes entrent dans l’aire d’admission et de libération avec des sentiments partagés de peur, d’anxiété et d’anticipation, et se traduisant par de puissants souvenirs émotionnels de cet environnement. À travers des données qualitatives recueillies lors de 57 entretiens semi-structurés auprès de personnes ayant purgé une peine de ressort fédéral, nous explorons les géographies émotionnelles de l’AL telles qu’elles sont vécues par les participants. Notre analyse se focalise sur les expériences des participants dans les aires AL des établissements Millhaven à Bath et Grand Valley à Kitchener – deux pénitenciers en Ontario à sécurité maximale, pour hommes (Millhaven) et pour femmes (Grand Valley). Nous mettons en lumière comment les espaces AL façonnent les premières expériences d’incarcération des individus, pour le meilleur ou pour le pire. Plus précisément, nous soutenons que les espaces AL, et notamment les procédures d’admission ayant lieu dans ces espaces, correspondent à une « cérémonie de dégradation du statut » selon l’appellation de Garfinkel (1956), dont le but n’est pas seulement d’humilier la personne criminalisée, mais aussi de reconstituer son identité en tant qu’être inférieur. En effet, alors que le processus d’admission reproduit activement une cérémonie de dégradation du statut, transformant le citoyen libre en un sujet criminalisé, nous soutenons que le processus de libération ne rétablit pas entièrement son identité ou son statut, et que la stigmatisation persiste tel un fardeau émotionnel.
Ce vingt-troisième épisode interroge Sophie Lachapelle & Jennifer M. Kilty.
Lire l’article sur Érudit : https://doi.org/10.7202/1107596ar
Criminologie est une revue de recherche scientifique avec comité de lecture (peer reviewed). Elle s'adresse aux scientifiques et aux professionnels de la justice pénale, présente des dossiers thématiques construits autour des préoccupations et des intérêts actuels des criminologues québécois, canadiens, étatsuniens et européens.
Pour la première fois depuis sa création, la revue Criminologie porte son attention, dans ce numéro thématique (Volume 52, numéro 1), sur ces personnes qui n’ont pas enfreint les normes pénales, ni ne sont des victimes de ces infractions, ni même des agents qui influencent, modifient ou appliquent ces normes. Ce qui les identifie, malgré elles, comme une population hétérogène que la criminologie se doit de mieux connaître, ce sont leurs liens familiaux et affectifs avec une personne judiciarisée.
Voici trois épisodes interrogeant plusieurs de nos auteures sur leurs articles rédigés pour ce numéro.
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